Elle n'est pas morte !
- Elle n'est pas morte !
- Ils l'ont tuée à coups d'chassepots,
- À coups de mitrailleuses,
- Et roulée avec son drapeau
- Dans la terre argileuse !
- Et la tourbe des bourreaux gras
- Se croyait la plus forte.
-
- Refrain :
- Tout ça n'empêche pas, Nicolas,
- Qu'la Commune n'est pas morte !
- Comme faucheurs rasant un pré,
- Comme on abat des pommes,
- Les Versaillais ont massacré
- Pour le moins cent-mille hommes !
- Et les cent-mille assassinats,
- Voyez c'que ça rapporte...
-
- Refrain
- Ils ont fait acte de bandits,
- Comptant sur le silence,
- Achevé les blessés dans leur lit,
- Dans leur lit d'ambulance !
- Et le sang inondant les draps
- Ruisselait sour la porte !
-
- Refrain
- Les journalistes, policiers,
- Marchands de calomnies,
- Ont répandu sur nos charniers
- Leurs flots d'ignominies !
- Les Maxime Ducamp, les Dumas
- Ont vomi leur eau-forte.
-
- Refrain
- C'est la hache de Damoclès
- Qui plane sur leurs têtes :
- À l'enterrement de Vallès,
- Ils en étaient tout bêtes,
- Fait est qu'on était un fier tas
- À lui servir d'escorte !
-
- Refrain :
- C'qui prouve en tout cas, Nicolas,
- Qu'la Commune n'est pas morte.
- Bref, tout ça prouve aux combattants
- Qu'Marianne a la peau brune,
- Du chien dans l'ventre et qu'il est temps
- D'crier : « Vive la Commune ! »
- Et ça prouve à tous les Judas
- Qu'si ça marche de la sorte,
-
- Refrain :
- Ils sentiront dans peu, nom de Dieu,
- Qu'la Commune n'est pas morte !
- Eugène Pottier