Va mon fils, ramasse tes pierres Et tend ta fronde On me traite de mère indigne Qui envoie son fils à la mort Mais es-tu vraiment resté mon fils Ou la mort de ton père n'a pas fait de toi l'homme de la famille Va mon fils l'indignité n'est pas de mon côté L'indignité est du côté de ceux qui t'ont visé comme un lapin Avec leur lunettes et leurs chars On me dit pourquoi tu l'envoies à la mort Mais il est déjà mort, il est déjà allé à la mort Depuis le jour où il est né Dans ces camps de toile chassé de son pays Chassé de mon jardin que j'avais en Palestine On ma pris mon jardin et on a fait un bloc de pierre Et transformé les orangers en miradors Et moi je ne vis plus de chagrin D'avoir perdu mon jardin en Palestine Mon fils n'a vu que des barbelés, des casques et des blindés Qui l'entourent et l'empêchent de sortir Il n'a pas vu les fleurs d'orangers du mois d'avril Il n'a pas senti leur parfum C'est l'odeur des blindés et des balles qui lui remplissent le nez Alors il a pris les pierres sans me le dire Et il est allé face à la mort Pour revivre On le qualifie de jeune mais il n'a jamais été jeune Le malheur et les épreuves ont triplé ses jours Il n'a jamais joué aux billes ou à la marelle Mais au fusil et au pistolet Va mon fils tu n'es pas jeune Et pourtant j'aimerais bien te tenir contre ma poitrine Te cajoler te caresser comme aux premiers jours de ta vie Mais ce n'est pas possible Car tu es un homme maintenant Les balles, les obus, les roquettes T'épargneront peut-être ou te toucheront Je bénirai Allah ou je pleurerai Mais seule dans l'obscurité de ma chambre Entourée de tes frères et sûrs qui prendront ta relève Et si tu reviens réduit et paralysé Je te soignerai et tu vivras Pour voir refleurir les orangers Sur la terre de Palestine Allez mes hommes reprenez courage Nous sommes les plus forts car nous avons le droit Un jour viendra où refleurira l'oranger De Palestine |
Douraid Houalla