1
Ils étaient cent mille
Ils étaient hommes
A bousculer l’enfer
Dans la poussière
Des hogras millénaires
Bedonnantes et lippues
Sous leur marche solaire
Pour écraser l’infâme !
2
Ils venaient de partout…
D'El Kseur et de Tizi Ouzou
De Larbaâ et de Seddouk
De Bejaia, de Tabbouda
D'Ilmatten et d'Imoula…
Ils venaient de toutes les crêtes
Aux fleurs de résistance
Et aux yeux de fière insolence…
Tous cheveux au vent
Et poitrines offertes
À la mitraille ouverte
De nos derniers colons…
A Akbou rassemblés
Pour retrouver d’Ifri
Les sources de Novembre…
Et traverser le temps
L’histoire aux ailes déployées
Aigle bleu tournoyant
Sur nos crêtes absolues
Et nos pitons têtus.
3
Ils venaient de partout
A l'appel des ancêtres
Les yeux brûlants
De tous les espoirs déçus
Des chemins de traverse
A perte de rumeurs
Ne menant nulle part
Pour entendre leurs voix
S'élever du fond de la vallée…
Youghourta, Massinissa
Oubliés
Et bannis de mémoire…
Boudiaf assassiné
Fatima et Hassiba suppliciées
Abdelkader l'Emir
Et Abane l'avenir
Bâillonnés
Par crapules au pouvoir.
4
Et pendant ce temps là
Les gros rats se terraient
Dans leurs palais d'été
En fumant des havanes
Entre les cuisses nues
De leurs femmes
En pavane.
5
Ils venaient de partout
Descendus …
De leurs pitons crochus
Désertés par les blés
De moissons à rêver
D'oliviers centenaires…
Et de figuiers crochus
Aux racines colère…
Leur misère portée
À bras tendus
Pour ne plus leur laisser
Le droit d’écrire l’histoire
Et de tordre le cou
Au viol de la mémoire.
6
Ils venaient pour semer
À pleines poignées
L’espoir et la rosée
qui fécondent
Le sillon que l’Homme Libre a tracé
Un jour de pleine vérité !
Baghdadi Si Mohamed