lundi 8 février 2010

paroles de mère

Paroles de mère

Va mon fils, ramasse tes pierres
Et tend ta fronde
On me traite de mère indigne
Qui envoie son fils à la mort
Mais es-tu vraiment resté mon fils
Ou la mort de ton père n'a pas fait de toi l'homme de la famille
Va mon fils l'indignité n'est pas de mon côté
L'indignité est du côté de ceux qui t'ont visé comme un lapin
Avec leur lunettes et leurs chars
On me dit pourquoi tu l'envoies à la mort
Mais il est déjà mort, il est déjà allé à la mort
Depuis le jour où il est né
Dans ces camps de toile chassé de son pays
Chassé de mon jardin que j'avais en Palestine
On ma pris mon jardin et on a fait un bloc de pierre
Et transformé les orangers en miradors
Et moi je ne vis plus de chagrin
D'avoir perdu mon jardin en Palestine
Mon fils n'a vu que des barbelés, des casques et des blindés
Qui l'entourent et l'empêchent de sortir
Il n'a pas vu les fleurs d'orangers du mois d'avril
Il n'a pas senti leur parfum
C'est l'odeur des blindés et des balles qui lui remplissent le nez
Alors il a pris les pierres sans me le dire
Et il est allé face à la mort
Pour revivre
On le qualifie de jeune mais il n'a jamais été jeune
Le malheur et les épreuves ont triplé ses jours
Il n'a jamais joué aux billes ou à la marelle
Mais au fusil et au pistolet
Va mon fils tu n'es pas jeune
Et pourtant j'aimerais bien te tenir contre ma poitrine
Te cajoler te caresser comme aux premiers jours de ta vie
Mais ce n'est pas possible
Car tu es un homme maintenant
Les balles, les obus, les roquettes
T'épargneront peut-être ou te toucheront
Je bénirai Allah ou je pleurerai
Mais seule dans l'obscurité de ma chambre
Entourée de tes frères et sûrs qui prendront ta relève
Et si tu reviens réduit et paralysé
Je te soignerai et tu vivras
Pour voir refleurir les orangers
Sur la terre de Palestine
Allez mes hommes reprenez courage
Nous sommes les plus forts car nous avons le droit
Un jour viendra où refleurira l'oranger
De Palestine

Douraid Houalla